La genèse du roman
Là où tout a commencé
Avant les premières lignes
Bien avant de débuter l’écriture du Chant des Lames, de nombreuses questions se sont bousculées dans ma tête, et ceci dès ma plus tendre enfance. La plus centrale de toutes pourrait être posée de cette façon : que serait devenu notre monde s’il était baigné de magie ?
La magie
Pour y répondre, j’ai d’abord essayé d’imaginer ce qu’était la magie.
Versé dans la mythologie, j’ai découvert les quatre éléments primordiaux selon les Grecs (Air, Terre, Feu et Eau). Je rêvais que ces éléments soient maîtrisés par les êtres humains. Jusque-là, rien de bien novateur me direz-vous. Bien évidemment, j’ai imaginé des Hommes capables d’utiliser tous les pouvoirs à la fois et ainsi sont nés les Omniums (même si ce n’est que bien plus tard qu’ils ont pris ce nom).
Mais il me manquait dans cette conception de la magie des pouvoirs plus « spirituels ». Et encore une fois, les écrits antiques m’ont fait découvrir la lumière et les ténèbres. Ainsi est apparu le pouvoir rare du Sacre.
Le Grand Flux
Une fois la magie conceptualisée (selon moi), je me suis demandé : pourquoi y aurait-il de la magie dans notre monde ?
Entre alors en jeu une lecture essentielle dans mon imaginaire : la théorie Gaïa. Je ne suis pas un partisan complet de ce courant de pensée mais il m’a fait m’interroger sur la relation que nous entretenons avec la planète.
Et dans mon esprit, les éléments sont rapidement devenus un moyen de nous lier à l’énergie primitive de notre monde. Cette façon de voir la magie a été confortée par le jeu Final Fantasy VII et plus précisément par la Rivière de la Vie.
Le Grand Flux est ainsi né. Il est la partie immatérielle de la magie qui fait le lien entre la planète et les êtres humains.
Destin ou libre arbitre ?
La naissance du Grand Flux et de ce qu’il représente a été concomitant à un autre sentiment fondamental pour moi : le fait que nous faisons tous partie d’un tout qui nous dépasse et dont nous ne sommes que d’infimes rouages.
En effet, je suis passionné d’astronomie et l’observation des grands ensembles de l’univers m’a rapidement fait prendre conscience de notre insignifiance.
Néanmoins (et presque paradoxalement), je n’ai jamais pu croire que nous étions là par hasard. Comment serait-il possible que des êtres si infimes comprennent le fonctionnement d’un univers si grand et si complexe ?
Faire partie d’un tout implique que nos destins soient tracés à l’avance. Mais nos actions semblent dictées par notre propre discernement. Et de cette contradiction est apparue un élément central au Chant des Lames (et plus généralement à mon univers) : l’opposition constante entre le destin et le libre arbitre.
Une histoire d'enfant
Vous êtes toujours là ? Le monde de Terratrania est donc né de tous ces concepts : un monde baigné de magie élémentaire, agissant comme le lien entre la planète et les êtres humains qui ne sont que les éléments d’un tout qui les dépasse mais dans lequel ils tentent de défendre leurs propres choix.
En parallèle de cette construction métaphysique, j’imaginais des histoires de grandes batailles, d’épées magiques et de dragons. La geste arthurienne m’a parlé dès mon plus jeune âge mais je souhaitais écrire une histoire se déroulant dans un monde de ma propre imagination.
Le premier texte que j’ai écrit (j’avais alors 9 ou 10 ans) racontait l’histoire d’un chevalier armé d’une épée sacrée se battant contre un autre chevalier qui possédait de son côté une épée maudite. Ça ne vous rappelle rien ? Alors lisez Le Chant des Lames.
Néanmoins, pendant des années, je n’ai plus rien écrit, mis à part quelques poèmes, me contentant de comprendre le monde que j’avais dans la tête.
Je ne sais pas si c’est moi qui ait écrit le livre ou si c’est lui qui m’a écrit.
Jérémy Muller
L'écriture du Chant des Lames
Pourquoi la Guerre des Epées ?
Bien avant de commencer le Chant des Lames, j’avais imaginé les grandes thématiques de l’histoire de Terratrania. J’ai longtemps hésité quant à l’épisode que je souhaitais raconter. Quatre en particulier se détachaient : la fondation de Terratrania, la punition des Omniums, la guerre des épées et la guerre de la différence.
J’ai choisi la guerre des épées car elle rassemblait de nombreux éléments qui me tenaient à cœur. Le premier étant l’opposition entre différentes épées de pouvoir, dépassant le cadre classique de l’élu équipé d’une arme magique. La seconde raison est que cette guerre se déroule derrière 5000 ans d’histoire cumulée, ce qui m’a permis d’utiliser ce matériau mythologique pour créer une ambiance encore plus réelle, dans laquelle le lecteur peut rentrer sans hésitation. Enfin, elle se situe entre deux éons de l’histoire et emmène donc le lecteur dans des évènements qui vont renverser les acquis de l’époque en question.
Et surtout, je voulais raconter l’histoire de Gaïa et de Kasen, celle de deux êtres qui nous ressemblent tant et qui sont si exceptionnels.
Les premiers coups de plume
C’est un soir d’avril 2004 que j’ai posé les premiers mots du Chant des Lames. En une nuit, les bases du livre sont figées : la découverte de l’épée de pouvoir, le contexte de la guerre millénaire et l’explication des pouvoirs primordiaux. Le lendemain, j’ai écrit LA rencontre que j’imaginais depuis longtemps : celle de Gaïa et de celui qui ne s’appelait pas encore Kasen. S’ensuit alors une période assez active où naissent quelques chapitres, alors que j’étais en pleine phase de révisions pour mes concours d’entrée aux Grandes Ecoles d’ingénieurs.
Une écriture au fil du temps
J’ai rarement été assidu à la rédaction du Chant des Lames. La raison en est toute simple : je l’écrivais pour moi, à des moments où j’avais besoin de me ressourcer et de trouver du calme. Quoi de mieux pour cela que de m’immerger dans un monde où je me sens chez moi ? Ainsi, tous les ans naissait en moyenne moins d’un chapitre. Pour autant, je pensais fréquemment à l’histoire et aux questions qu’elle soulevait. J’ai pour cela écrit de nombreuses annexes pour expliquer tel ou tel point, conceptualiser certaines choses. Le bon exemple est l’invention de la langue des Anciens qui a été revue de nombreuses fois afin de correspondre à ce que j’avais en tête. Quand on me pose la question, j’ai souvent tendance à dire que je ne sais pas si c’est moi qui ait écrit le livre ou si c’est lui qui m’a écrit.
En effet, beaucoup de scènes sont restées en suspens car j’avais besoin de comprendre ce que ressentiraient les personnages, dans l’idée de rendre tout ça plus réel. J’ai même déjà écrit des scènes du tome 3 car par anticipation, elles me permettent de ne pas me perdre dans des considérations inutiles.
Le confinement décisif
2020 est une année qui restera dans l’histoire, marquée par le confinement mondial. Comme beaucoup, cette période a amené son lot de questionnements existentiels chez moi. Et j’ai pris conscience que je voulais finir le premier tome du Chant des Lames, cette initiation à mon monde et à l’écriture.
En trois mois, j’ai donc écrit les 150 dernières pages du livre. J’ai ensuite fait lire le roman à mes proches qui m’ont fait des retours très positifs, en insistant sur le fait que je devrais le publier car cela en valait la peine. Ils m’ont aussi remonté un point très important : les premières pages n’allaient pas avec le style de la fin du roman. J’ai donc procédé au plus gros travail que je n’avais jamais eu à affronter : réécrire des textes que j’avais rédigés plus de 15 ans auparavant. Ma plume à ses débuts avait quelque chose d’enfantin qui contrastait en effet avec celle des dernières pages. Une fois ce travail accompli, j’ai trouvé une super graphiste qui a conçu la couverture et j’ai auto-publié mon roman sur Amazon en juillet 2021. J’ai bien contacté quelques maisons d’édition mais le confinement les avait submergées de manuscrits. Ainsi est né le tome 1 du Chant des Lames, L’Initiation.
Certaines questions restent encore à « défricher » dans mon esprit pour terminer la trilogie, que j’ai hâte que vous lisiez. J’espère en tout cas que cette page vous a plu. Si vous avez envie d’en parler, n’hésitez pas à m’envoyer un petit mot.